Il ne sait pas...
Il ne sait pas qu'il va mourir. C'est le printemps, la vie revient en force. Il a beau être plus que centenaire, comme la maison près de laquelle il vit, il s'épanouit à ce renouveau. Il se pare de milliers de petites fleurs blanches, promesses de vie future, avant même de remettre ses habits verts.
C'est un géant, haut comme une maison de deux étages ; il doit faire 8 ou 9 mètres au moins. Il produit chaque année des kilos de poires que plus personne ne ramasse, dans un jardin à l'abandon. Il n'est pas seul, il a un frère près de lui, et des amis, la glycine, le buis, d'autres dont je ne sais pas le nom. Ensemble, ils se souviennent peut-être d'un temps avec moins de béton, plus d'oiseaux, un temps où il y avait des poules à la place des voitures.
Ils vont tous mourir, avant que les poires ne soient mûres, avant le flamboiement de l'automne. La maison, elle aussi, va disparaître, et mon petit nid douillet avec elle. Un à un, ses habitants ont commencé leur migration, pour moi ce sera à la fin du mois de mai.
En attendant, j'admire sa dernière floraison, et je suis déjà nostalgique.